Ma Tangeroise
On a tous dans le coeur une Tangeroise. Enfin, au moins deux personnes que je connais, dont moi.
Une petite lumière en forme de phare de l'autre côté de la Méditerranée, une voisine, presque.
Ma Tangeroise à moi m'a accompagnée une partie de l'été, mon ticket virtuel pour des vacances au soleil, avec des palmiers, beaucoup de palmiers. (J'ai envie de mettre un smiley ici, allez savoir pourquoi). Quand Paris me semblait bien vide, je poussais sa porte, je m'asseyais un instant dans ses abysses, et les mots flottaient tout autour. Le mot Paris, le mot parfum, le mot lentilles-à-l'orange, le mot film, le mot jardin.
C'est ma Tangeroise qui m'a entraînée à sa suite dans le délire littéraire le plus timbré de ma déjà-bien-atteinte-niveau-timbrée existence.
Et puis un beau soir, elle a mis son bonnet de nuit sur sa tête, elle s'est mise au lit en grommelant qu'on ne la dérange plus, et elle a commencé sa longue hibernation. Mais de temps en temps, je vois un rai de lumière sous sa porte, alors j'entre sur la pointe des pieds. Je vérifie que tout est toujours à la même place dans la pièce, qu'elle n'a rien bazardé, qu'elle n'est pas en partance immédiate pour d'autres rivages. Je bouge légèrement un seul objet, pour qu'elle garde une trace de mon passage et je sors discrètement.
Elle se réveille un bref instant, elle remarque l'objet déplacé, elle devine, et elle passe me voir en coup de vent. Mais quand je vois sa carte de visite dans mon quartier de lune, je sais qu'elle n'est pas bien loin, et je souris à l'intérieur.