Naissance d'un blog

Quand on commence un blog, au début, on est tout seul face à son écran d’ordinateur, et on cause au mur. Au vrai, pas à celui de Facebook avec 736 amis qui suivent sa vie en direct. On parle, mais à vrai dire on a un peu l’impression de parler dans le vide. On en viendrait presque à considérer l’écho comme un ami, c’est dire si on se sent seul.

Un beau jour, une copine apprend l’existence du blog. Cette copine en parle à une autre copine qui en parle à une autre copine, et ainsi de suite. Le petit caillou lancé dans l’eau décrit des cercles concentriques de plus en plus grands, de plus en plus larges.

On récolte alors quelques commentaires timides, puis plus affirmés, mais toujours encourageants. On devient soi-même moins timide, plus affirmé, et encouragé. On blogue de plus en plus souvent, et de plus en plus facilement.

Une copine se risque à laisser un commentaire écrit, une trace d’un passage sur le blog. Cette petite porte ouverte invite d’autres personnes à la suivre, et à se glisser dans l’entrebaillement. On reçoit un jour des commentaires de personnes qu’on ne connaît pas qui écrivent pour dire qu’elles ont beaucoup aimé le blog et qu’il faut continuer de les régaler de billets. On sourit face à son écran, on a l’impression d’avoir un petit cercle d’anges gardiens bienveillants qui veillent sur soi.

Un autre jour, un illustrateur vous fait signe, et chuchote, pas trop fort pour ne pas qu’on l’entende, mais suffisamment fort pour qu’on puisse l’entendre quand même accidentellement, qu’il aimerait, pourquoi pas, faire des dessins sur certaines notes. On n’ose même pas y croire, mais on saute dedans à pieds joints sans lui laisser le temps de réfléchir, des fois qu’il changerait d’avis. Régulièrement, depuis ce temps, une illustration trouve son chemin jusqu’à la boîte mail de la bloggeuse. On poste un texte sur son blog, on se glisse dans son lit en mettant le texte sous son oreiller, et le matin, la petite souris du dessin est passée : une illustration attend dans la boîte à mails à la place du texte. On ramasse bien vite le cadeau et on l’ouvre et le découvre avec empressement.

Le blog respire, il se nourrit de tous ces regards et apports extérieurs. Il peut enfin détendre ses jambes ankylosées. Il remarque que les regards bienveillants proviennent de personnes variées, aux caractères et univers très différents, et il sourit de cette diversité qui se concentre autour de lui.

Un jour, on reçoit un message d’une personne qui propose de rendre le blog plus visible par le biais de liens amis. On sent qu’il gravit une étape, que les cercles ne tiennent plus sur la page. On a une fringale de nouveaux lecteurs, et en même temps, on voudrait que le petit cercle du début reste là, qu’il ne bouge jamais.