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La vie dans mon quartier de lune
21 juin 2012

De l'influence des grandes soeurs en milieu pompier

pompiers

Ces derniers jours m’ont conduite à m’interroger sur la nature de l’influence que ma grande sœur pouvait bien avoir sur moi. J’ai toujours pensé, jusqu’à très récemment, qu’une grande sœur servait à ouvrir la voie, à montrer le chemin armée d’un flambeau et coiffée d’une couronne : « suis mon enseignement, petite, et tu connaîtras la Sagesse des Grands. » Jusqu’à très récemment, donc, j’étais encore naïve. Laissez-moi vous narrer les événements qui ont entraîné une révision somme toute assez totale de mes espérances.

Hier, soirée entre sœurs, je rejoins la mienne à son travail, ma soirée a des relents d’enfance quand mes parents m’emmenaient à leur travail et nous cachaient sous le bureau, mes pots de Playdoh et moi, à la minute où le directeur du service entrait pour une note urgente (oui maman,  je sais, je mens éhontément et tu ne m’as jamais cachée sous ton bureau avec mes pots de playdoh, mais t’avais qu’à pas me raconter d’horribles histoires de foudre et de boules de feu cet après-midi pendant l’orage alors que j’avais déjà le trouillomètre à zéro. La vengeance est un plat qui se mange froid). Je digresse, je digresse. Version optimiste : toute heureuse et court vêtue, je gambade telle Perrette et le pot de Bridélice vers la sortie du métro Austerlitz. Version réelle : le parapluie dégoulinant dans une main, et pestant rageusement après la SNCF qui m’a encore supprimé trois trains de suite, je sors armée comme Sam le Pirate dans la cour des arrivées de la Gare d’Austerlitz, quand j’aperçois trois hommes en travers du chemin, qui m’ont tout l’air d’arrêter le malheureux passant dans sa course pressée, sans doute pour lui vendre des aspirateurs ou une brochure passionnante sur la vie sauvage en Ukraine et comment envoyer des dons pour parrainer un footballeur en voie de disparition, tout ça. Mieux vaut prévenir que guérir, je ne laisse pas le temps au vendeur d’aspirateurs de me débiter sa tirade, je l’envoie valdinguer assez rudement, au moment précis où j’aperçois le fin liseré rouge sur le camaïeu bleu marine de son pantalon….Un pompier !!! Grands dieux !! J’ai envoyé péter un pompier ! Je me suis rattrapée comme j’ai pu à grand renfort de sourires et d’excuses interminables, m’enfin, le coup était parti.

J’ai ruminé cette faute de goût impardonnable de ma part pendant tout le trajet jusqu’au point de rendez-vous avec ma frangine. Encore sous le choc, je lui raconte ma mésaventure, espérant quelques mots de réconfort bienvenus, pauvre naïve que je suis, bercée depuis ma plus tendre enfance par des calembredaines de « Sœur Anne ma fidèle sœur Anne et bla bla bla ». Moi, ma sœur Anne qui ne s’appelle pas Anne mais on va l’appeler Anne par commodité alors qu’en fait c’est ma cousine qui s’appelle Anne mais comme ma cousine ne fait pas partie de l’histoire, normalement vous ne devriez pas vous y perdre, ma sœur Anne, donc, énonce tranquillement : « oui bon écoute, c’est regrettable, mais ça arrive à tout le monde, moi aussi j’ai envoyé péter un pompier hier ! » Je la vois sous un jour nouveau et je me dis que son expérience sur l’after-shock, tout ça, me sera peut-être d’une grande utilité pour surmonter mon traumatisme personnel. Je lui demande si elle s’est excusée en reconnaissant le pompier : « ben pourquoi voudrais-tu que je m’excuse ? T’as respiré des vapeurs de mercurochrome, récemment ? » J’argumente que la réaction logique, en réalisant son erreur….  « mais j’avais vu que c’était un pompier, qu’est-ce que tu me chantes avec ton erreur ? Seulement ce midi-là, j’avais pas envie de me faire alpaguer alors j’ai poliment décliné. » J’étais effarée. « Tu as volontairement envoyé péter un pompier ? Et tu me dis ça de sang-froid, sans aucun remord ? » C’est à cet instant précis que la réaction de ma sœur m’inquiète et que je me demande si je dois continuer à la fréquenter régulièrement : au lieu de saisir cette chance de repentir, cette  occasion de rachat de son âme avant le Jugement Dernier, elle me répond : « Oui oh ça va, hein ! A t’entendre, on croirait que j’ai tué une portée de renardeaux à mains nues ! » Honnêtement, je ne peux pas trancher. J’aime beaucoup les renardeaux. Mais un pompier ! Quand même !

 

 

Dessin (c) Bruno Issaly bien sûr! Tous Droits Réservés

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