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La vie dans mon quartier de lune
8 avril 2013

RER: Retard Exaspérant et Rétrograde

SNCF

Matin fébrile, je ne suis plus habituée à des horaires de travail fixes, je cours pour attraper mon RER. C’est lundi matin, tout peut arriver.  Sauf les trains, c’est une règle. D’ailleurs, l’un d’eux s’est dégonflé avant de venir, il est supprimé. Je monte dans celui d’après, qui fait semblant de suivre son parcours habituel pour mieux endormir notre méfiance à tous. Et puis une fois qu’on est tous bien installés, une fois qu’on est tous suffisamment loin de sa gare d’origine et pas encore suffisamment proche de sa gare d’arrivée, la SNCF débarque tout le monde dans une gare sordide en raison d’une avarie de cerveau dans les entreprises publiques de transports en commun.

Commence alors le moment le plus ludique de la journée : un train est annoncé voie X, sachant que nous sommes environ 3000 passagers transis débarqués voie A. La connasse à la voix suave du haut-parleur nous remercie de bien vouloir emprunter les passages souterrains pour notre sécurité. 3000 passagers commencent leur exode piéton dans les souterrains glauques d’une gare de banlieue. Je me promets d’accélérer les travaux dans mon appartement pour ne plus jamais croiser le chemin de la SNCF.

Voie X, l’écran affiche un train pour le milieu de nulle part, une ville à peu près aux antipodes de la métropole parisienne. Un conducteur de train en rade sur les rails crie dans son micro « Mais qu’est-ce que vous foutez ? ». Murmure d’approbation parmi la foule, on sent que la même question existentielle travaille tout le monde.

Rien ne se passe, 10 minutes du plus insoutenable néant sur la voie X, qui me ferait presque regretter la fantaisie de la voie A, dis donc. Je me demande si nous ne sommes pas tous à notre insu les cobayes d’une expérience scientifique sur le seuil de tolérance à la glauquitude. Sentant bien qu’à ce rythme, l’heure ne se terminera pas sans un suicide ou deux sur les voies, la connasse du haut-parleur reprend du service : le train attendu comme le Messie (parce qu’en le voyant, on n’y croit plus et qu’un contrôleur est obligé d’insister : « mais si ! ») arrive, mais euh, bon, en fait, il arrive voie A.

 3000 passagers moins un suicidé potentiel retraversent le passage souterrain en maugréant. Sur la voie en question, j’aperçois une contrôleuse et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle n’a pas froid aux yeux, parce que le lynchage n’est pas loin. Elle balbutie d’un air paniqué dans son téléphone : « mais il y a déjà un train, voie A, vous ne pouvez pas m’envoyer les gens, j’ai le VICK pour Versailles qui est toujours à quai ! » Des bribes de sketch coluchien me traversent l’esprit, de trains qui peuvent cacher un quai qui peuvent cacher un train. Ou inversement. Sauf que l’heure n’est pas à la plaisanterie.

Un train arrive, au point où j’en suis, je monte dedans avec les 2998 autres passagers, peu importe où il nous emmène, celui-ci, ce sera toujours mieux que Sordideland. L’ultime cadeau de la SNCF à ses usagers bien-aimés : le train est déjà plein, nous voyagerons tous debout dans la chaleur humaine et la convivialité la plus intense.

Le problème de la SNCF, c’est qu’elle confond itinéraire et impasse.

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