Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie dans mon quartier de lune
22 mai 2012

Positive Thinking

Positive thinking RabanitoJ’ai vaguement conscience de gonfler tout le monde avec mon nouveau credo : je positive, et ça n’a rien à voir avec Carrefour. Ma nouvelle philosophie de vie, la crise de la trentaine, sûrement, repose sur le positive thinking (à l’anglo-saxonne, ça fait toujours plus sérieux – le principe du mot qu’on ne comprend pas, j’imagine) ou plus prosaïquement, la méthode Coué.

La préhistoire de cette religion personnelle remonte d’une part à mon prénom, qui témoigne de l’optimisme le plus indécrottable du monde, d’autre part à une copine de fac, à qui il arrivait toujours les pires tuiles et qui répétait à qui voulait l’entendre et surtout aux autres : « de toute façon, dès qu’il y a une merde, c’est pour moi ». Après une dissertation effacée abruptement par le disque dur de son ordinateur, un billet d’avion perdu à deux jours de Noël et deux pommes pourries sur le sachet de 4 qu’elle venait d’acheter, il a bien fallu se rendre à l’évidence : elle avait raison, cette fille n’avait finalement pas tellement de chance. Elle agissait en revanche comme un très bon paratonnerre à poisse pour le reste d’entre nous, mais là n’est pas mon propos. Mon propos, figurez-vous, c’est que je me suis rapidement convaincu que cette fille attirait la poisse à force de se poser en Caliméro des temps modernes. D’où première conclusion : il ne faut jamais relever la tête au moment où un silence de mort règne dans la classe parce que vous serez le seul à croiser l’œil de la maîtresse et à  devoir vous lever pour aller résoudre le problème au tableau.

J’ai donc développé, sur la base de cette première confrontation avec la poisse intégrale, une petite croyance personnelle selon laquelle il fallait toujours voir le bon côté des choses et ne jamais se morfondre dans son caca, au risque d’attirer sur soi l’œil de Dieu qui va se dire, Dieu, pas son œil, « oh mais celui-là il commence à me gonfler, à pleurnicher tout le temps, je te me vas lui donner une raison de chouiner, moi, tu vas voir ça ! » Et hop ! Billet d’avion pour rentrer voir Papa-Maman à Noël à 650 euros ! Dernièrement, j’ai appuyé sur l’accélérateur en matière d’optimisme, et je vois bien que je saoûle tout le monde quand je prêche bonheur et amour pour tous, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Deuxième conclusion : point trop n’en faut. Je pense avoir attiré l’œil de Dieu en péchant par excès d’optimisme. Il me l’a fait payer la semaine dernière.

Mardi dernier était la journée des bonnes ondes et de l’optimisme débridé, principalement parce que c’était le premier d’un lot de 10 jours de vacances à vadrouiller sur les routes du Sud avec ma copine Cindy. Après la grisaille parisienne, le ciel bleu niçois et la Méditerranée endorment gaillardement notre méfiance, nous nous jetons inconsciemment dans l’auto-satisfaction (le mot est mal choisi, comme vous le comprendrez dans une minute) inséparable du premier jour de vacances particulièrement réussi. La mer est d’un bleu profond, le cœur est léger et nous zen comme le Dalaï-Lama sous Prozac. Principal sujet de contentement : l’anticipation du reste des vacances avec, en point d’orgue, la possibilité de chanter Le Roi Lion à tue-tête dans la voiture de location. Deuxième jour de vacances : excitées comme des puces, nous envoyons valser un pauvre Japonais qui nous pose des tas de questions sur le festival de Cannes, nous on s’en fiche on va en Provence, barrez-vous, sale capitaliste en plus que Nanni Moretti a dénigré The Artist alors Cannes cette année ça craint (Je crois qu’on l’a un peu effrayé). Des étoiles dans les yeux et accompagnées par les trompettes célestes, nous arrivons devant l’agence de location de véhicules. Au comptoir, le homard ratatiné par l’âge qui  fait office de représentant AV*S (je respecte l’anonymat de l’agence Avis, remarquez le tact), nous refuse la location de la voiture dont la réservation a pourtant été acceptée et payée en ligne trois siècles auparavant environ. Sachant que la voiture conditionnait un peu le reste des vacances, et que Cindy et moi sans auto, c’est un peu comme Lucky Luke sans Jolly Jumper, vous comprendrez aisément que le positive thinking l’ait mis un peu en veilleuse dans l’heure qui a suivi, pour laisser sobrement sa place à tout un dictionnaire de gros mots et d’insultes en tous genres à destination des loueurs de voiture en général, et du homard en particulier.

Epilogue : Cindy et moi avons réservé un retour Nice-Paris le lendemain, avec le fort sentiment d’avoir choisi une formule expresse Aller-retour + dessert + une boisson chaude pour 48h seulement, c’est donné. Dépitées, nous sommes cet après-midi-là allées fracasser notre positive thinking contre le rocher de Monaco, avec en fond sonore, Cindy qui répétait une fois par heure : « Non mais la seule solution viable, c’est de voler une voiture ! » Tristement, cette prodigieuse idée lui est venue après avoir échangé nos billets retour.

 Ma philosophie de l’optimisme effréné est actuellement en cours de réaménagement, veuillez m’excuser pour la gêne occasionnée pendant les travaux.

 

Photo (c) Rabanito

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Ah mais c'est bien dit pépète! Incitation au crime, c'est moi qui te le dit...bon non, restons avec ton positive thinking ... c'était un signe tout simplement.
Répondre
La vie dans mon quartier de lune
Publicité
Archives
La vie dans mon quartier de lune
Derniers commentaires
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 41 019
Publicité