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La vie dans mon quartier de lune
23 novembre 2011

mal des transports

Je ne sais pas pourquoi, par nostalgie de mes années vomitives, sans doute, j’avais ce soir envie de consacrer un post aux victimes du mal des transports. Pour en avoir été une pendant longtemps, je connais bien toute la souffrance de cette catégorie qui reste trop souvent dans l’ombre. Ce soir, nous allons ensemble tenter de changer les choses, nauséeux de tous pays, unissez-vous ! Cette malheureuse affliction se caractérise en général par un malaise diffus dès la montée dans un véhicule à roues, à vapeur ou à pédales. En somme, tout machin qui fait du bruit et secoue en avançant peut prétendre au titre de transport, si on va par là (et on y va, puisqu’un moyen de transport ne présente aucun intérêt s’il ne permet pas de progresser dans l’espace). L’individu, déjà un peu barbouillé par les moules à la mayonnaise du midi qui ne sont pas très bien passées, s’installe dans la voiture du collègue qui se propose gentiment de le déposer chez lui, sans savoir à quel danger il expose les sièges de son Audi. Bourré de bonnes intentions, le collègue entame alors un véritable débat sur la nullité des chiffres du budget-reprographie établi par Patrick, le responsable du service comptable, mais si, tu sais, le gars du 4è qui renifle toujours en prenant l’ascenseur, (allez savoir pourquoi, peut-être une autre victime du mal des transports lui aussi, puisque je vous dis que les gens qui s’occupent de chiffres ne sont pas fiables !) tandis que notre mangeur de moules passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avant de s’arrêter sur un vert franc qui ne le quittera plus. « Ah, mince, on risque de tomber dans les heures de pointe sur le périph’…Tu sais ? Malins comme on est, on va feinter : on va passer par les petites routes ! Ca sera tout aussi rapide et bien plus agréable, comme itinéraire! » beurkNotre malade est soudainement pris d’une envie incontrôlable d’arracher le rétroviseur intérieur et de le faire manger au conducteur. Qui dit petites routes dit nécessairement une bonne quinzaine de virages au kilomètre, et autant de feux rouges désespérés (Ils ne passent jamais au vert et chacun sait que le vert est la couleur de l’espoir). Tout ce charmant programme accompagné de dos d’ânes et de trous dans la chaussée tous plus alléchants les uns que les autres. Le malade entrevoit une mort lente mais certaine dans d’atroces souffrances, il voit aussi des moules, beaucoup de moules. Il se ratatine dans son siège, puis joue à l’homme-élastique en s’étirant le plus possible sur toute la surface du fauteuil, puis, toujours déguisé en Martien, il prend de profondes inspirations en espérant tasser les moules sous des quantités d’air frais. Et puis une marche arrière un peu brusque et imprévue lui fait rendre armes et moules, et il est désormais condamné à rentrer en train parce que plus jamais son collègue ne lui proposera de le raccompagner en voiture à la sortie du travail.

D’autres moyens de transport sont plus sournois mais tout aussi meurtriers. Le train, par exemple. A première vue, le train, en particulier le TGV, constitue un moyen de se déplacer propre, indolore et léger. En réalité, ce postulat n’est vrai que quand la SNCF est en grève et que le train reste à quai. Dans les faits, l’individu sujet au mal des transports monte dans le compartiment et repère son siège, coincé en bout de voiture, juste avant la porte de communication avec l’autre compartiment, autrement dit idéalement situé sur l’axe voiture-bar/ toilettes. Il s’installe dans son siège en toute innocence. Le train démarre, il s’aperçoit qu’il n’est pas dans le sens de la marche. La voyageuse assise en face de lui, pleine de sollicitude, note son teint anormalement livide, et lui propose alors d’échanger leurs sièges puisqu’elle est dans le sens du train. Monsieur Livide, gêné, hésite à reconnaître sa faiblesse véhiculaire publiquement, il refuse poliment la proposition de la voyageuse. Touchée par la détresse de cet homme, elle insiste. Le troisième voyageur du carré qui, lui, est près de la fenêtre, s’en mêle, et suggère que peut-être le fait de voir le paysage distrairait notre malade. S’ensuit alors un ballet énigmatique pour qui n’a pas suivi la conversation depuis le début, entre les trois voyageurs qui changent de place, reprennent leurs places initiales, puis rechangent, et finissent par s’asseoir. Résultat : notre individu n’avait pas encore franchement mal au cœur au départ, maintenant il est prêt  à vendre sa propre mère contre un comprimé de Vogalène. Il sait, au fond de lui, qu’il est puni pour avoir enfreint la règle 3 du mal des transports : NE BOUGER EN AUCUN CAS, chaque mouvement peut être fatal. Il lui faut 45 minutes de trajet tout en douceur pour se retaper, et juste au moment où son visage revenait à une couleur terrestre, une femme se lève dans son compartiment, et vient ouvrir la porte située juste à côté de lui. Commence alors un défilé de passagers se rendant soit à la voiture-bar, soit aux toilettes. C’est-à-dire que notre individu pas très solide de l’estomac se trouve, de manière prolongée, à un carrefour d’odeurs allant du sandwich au camembert et au saucisson, à celle des toilettes de train par lesquelles 45 personnes n’ayant aucune notion d’hygiène sont passées sans qu’une femme de ménage ne pointe à l’horizon. Inévitablement, au bout d’un moment, notre individu est contraint d’ajouter sa touche personnelle aux dites toilettes.

 

Ayons donc une pensée pour cette détresse morale qui nous entoure quotidiennement sans que nous y prêtions attention.

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