Bonjour Tristesse

Parfois on n’arrive pas à écrire des choses drôles, à composer un billet léger et critique sur le quotidien, les petits détails qui constituent ces moments de réel jamais remarqués. Parfois, on a beau remettre cent fois l’ouvrage sur le métier, il glisse à terre et ne se relève pas. Essayer de se détacher et provoquer la petite étincelle qui enflamme l’inspiration et qui permet de fabriquer un post autour d’un mot de départ. En vain. Parfois, on ne peut pas faire rire les autres parce qu’on ne peut pas rire soi-même. On sait que la gaieté est toujours là, bien ancrée dans un trait de caractère, mais que certains jours, elle reste au sol, immobilisée par un poids en fonte, sans autorisation de décoller.

Alors ces jours-là, il ne sert à rien de forcer le cours des choses, on ouvre la porte aux sujets plus lourds et à la mélancolie. Le monde n’est pas vraiment en train de s’écrouler, mais il tremble un peu, comme une photo toujours floue et qu’on n’arrive pas à saisir dans sa netteté, quel que soit le nombre de prises. Peut-être que la photo est faite pour rester floue, et que le tremblement du monde est une forme d’équilibre qu’il vaut mieux ne pas tenter de rompre. Peut-être vaut-il mieux se laisser bercer par ce tremblement plutôt que d’essayer de le contenir. Parfois il est préférable de se laisser porter par le courant plutôt que de nager contre lui, pourquoi toujours penser que le cours naturel des choses vise à nous noyer plutôt qu’à nous faire découvrir une direction dans laquelle on n’aurait jamais nagé sans lui ?

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