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La vie dans mon quartier de lune
15 novembre 2011

le Plan B

J’envisageais aujourd’hui les diverses manières de devenir très riche très vite,  il n’y a pas de mal à se faire du bien, et j’évoquais mon plan B comme Best-seller. Puis j’ai ricané d’un rire amer, parce que les plans B, on sait bien ce que ça vaut.

Le plan A, en général, constitue une alternative raisonnable selon laquelle on ne perd pas toutes ses billes de façon crétine et immodérée comme dans le plan B, par exemple. On l’échafaude pour se donner bonne conscience ou parce qu’on sait pertinemment que le plan B va foirer, mais qu’on va l’essayer quand même parce qu’il est nettement plus rigolo que le plan A. Seulement, pour montrer sa bonne foi, on va d’abord en passer par le plan A comme Apathique.

Le plan A, donc, c’est le mauvais plan, sans vouloir faire de jeu de mots vaseux. Un protagoniste dit rouge, l’autre dit vert, et le plan A dit qu’on va mettre tout le monde d’accord, va pour le bleu. C’est un compromis et comme tout compromis qui se respecte, il laisse tout le monde sur sa faim.

Soyons clairs : le plan A a les pieds sur terre, mais qu’est-ce qu’il est rasoir. Et quand le plan A échoue, et il échoue toujours, avec un peu de mauvaise volonté, le plan B surgit, dans toute la gloire de sa spontanéité. De l’imprévu, des cascades, du feu, des flammes, et même des crocodiles, pour un peu on prendrait le plan B pour un blockbuster américain. Le plan B est à l’organisation ce que Rambo est au cinéma : « on y va et on fait tout sauter ». Il ne se caractérise certes pas par sa finesse, mais bien par son efficacité. En gros, une fois qu’on a bien gaspillé toutes ses cartouches et sa diplomatie avec le plan A, l’application du plan B paraît d’une simplicité enfantine : on arrête de réfléchir et on fait tout péter. Et tant pis si on doit y laisser quelques plumes, voire la volière toute entière. Le plan B vous a un petit côté exotique et imprévisible tout à fait délicieux (même s’il se termine dans le meilleur des cas par un détour de 30 minutes, et dans le pire, par 350 000 morts).

L’intérêt du plan B, n’est-ce pas, c’est qu’il permet aux émotions et à l’instinct de survie de s’exprimer librement. Par exemple, la version polie (le plan A) dira courtoisement « bien, cela fait maintenant 325 clés différentes que j’essaie afin d’ouvrir cette porte verrouillée, force m’est de constater que la bonne clé se trouve  parmi les 4736 clés qu’il reste. ». Le plan B débarque et fonce à l’essentiel : « Pousse-toi de là, je vais enfoncer la porte ! ». Grand classique des esprits pleins de ressources, le plan B se trouve parfois accompagné de toute une flopée d’autres plans, s’échelonnant du plan C comme Catastrophe au plan F comme Foutu. En général, si le plan B ne parvient pas à débloquer une situation avec l’énergie qui le caractérise, il y a fort à parier que les autres plans ne seront qu’une prolongation inutile de souffrances insoutenables, et qu’il vaudrait mieux achever tout ce qu’il y a à achever dès les premiers signes d’échec du plan B. Rassurez-vous, l’échec du plan B constitue cependant un événement aussi fréquent que les éclairs d’intelligence de George W. Bush. Le plan B ne supporte pas le renoncement ni l’insuccès et fera tout pour les contourner. Mise en situation : « Plan A. Je déclare mes impôts et avec ce qu’il me reste, je m’achèterai un appartement à Paris. » / Plan B « j’ai déclaré mes impôts, il ne me reste rien, je reprends tout et je file planquer mon fric à Monaco. »

Notons que certains types de personnalités sont caractéristiques du plan B : James Bond (on notera la subtilité du Plan B comme Bond) est un plan B à fond les manettes (il suffit, pour s’en convaincre, de regarder la note de frais qu’il laisse à sa Majesté à chaque fois qu’il passe quelque part : il faut raser en moyenne un quartier par ville dans laquelle il a mis les pieds) ; l’écolier qui commence son devoir de maths le dimanche soir à 21h est un joli plan B ; Batman est lui aussi un vrai plan B, quand le pauvre Commissaire Gordon, embourbé dans son plan A, ne s’en sort plus tout seul et en est réduit à faire joujou avec sa lampe de poche pour appeler à l’aide son copain chauve-souris. En revanche, difficile de dresser un portrait-type de Monsieur plan A, puisqu’il se distingue, par définition, par son insignifiance et son côté fâlot. Quelques plans A notoires, tout de même : les Bisounours, Dominique de Villepin (qui a tenté de s’extraire de cette catégorie en s’essayant au plan B, avec les conséquences calamiteuses que l’on sait) et certainement beaucoup d’autres dont on n’a jamais entendu parler parce qu’ils font bailler tout le monde. Le plan B est donc un instrument à manier avec précaution et ne s’improvise pas grand-maître du plan B qui veut. Un savoir-faire et des qualités de leader ont permis au plan B de se transmettre à travers les âges.

Pour finir, afin de vous aider à repérer un plan B et à le distinguer de son collègue le plan A, voici un petit exercice d’entraînement. Veuillez attribuer à chaque expression le plan qui lui correspond : nitroglycérine, diplomatie, koh lanta, demi-mesure, napalm.

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