Lecteur, si tu savais, lecteur, si tu voyais,
Lecteur, si tu savais, lecteur, si tu voyais, comme la vie se découpe par-dessus les toits, depuis hier, depuis samedi, depuis toujours.
L'ombre me paraît belle et ma gomme me sourit, et toute seule en écoutant la radio, je dessine la nuit.
Le noir s'allonge sur ma feuille de papier, et à coups de crayon, je m'applique à le découper.
Même le chat retient son souffle l'espace d'un instant, et je me sens portée par tous ces regards bienveillants.
Treize, nous étions treize et je sais maintenant que le conte de fées est un conte de bonne femme parce que treize porte chance, treize découvertes et les pointes qui dessinent dans la douceur du silence des farfadets et des mines, du bois et des flammes.
L'air a une odeur estivale et les couleurs de ma joie quand je descends ma rue pour rentrer chez moi, le ciel est en feu tout au bout de Paris, et si le jour finit, je sais que mon crayon commence tout juste sa journée pour donner une forme à ce monde à l'intérieur qui veut sortir et n'en finit plus de couler.