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La vie dans mon quartier de lune
5 septembre 2014

Poignardage dans le dos

Hier soir, je regardais les Tudors à la télé. D'une part parce qu'il n'est pas superflu, après un mois de vacances, de constater que la vie est encore plus dure avec les autres, et d'autre part parce qu'il fallait bien que j'étende mon linge. La transition, bien que pas flagrante, existe pourtant : j'aime bien regarder la télé quand j'étends mon linge. Ca m'aide à me concentrer.

Devant ma télé, donc, je me suis surprise à penser qu'autant d'intrigants et d'empoisonneurs en tous genres concentrés sur une si petite surface frisaient l'invraisemblance. Il a fallu que Thomas Cromwell ait la tête sur le billot alors qu'il conversait encore agréablement avec Henry VIII avant la pub, pour que je fronce les sourcils en m'inquiétant de la réalité historique de la chose. Ma copine Wikipedia, toujours fidèle au poste, confirme la condamnation aussi subite qu'injuste de Thomas Cromwell et ajoute sournoisement que le Duc de Suffolk et deux-trois autres camarades l'avaient dans le collimateur depuis un petit moment et qu'ils attendaient avec impatience l'occasion de l'accuser de haute trahison pendant que le pauvre bougre était bien innocemment en train de réchauffer une casserole de petits pois. Je serais la mère de Thomas Cromwell, il y a bien longtemps que j'aurais changé mon fils d'école.

Songeuse, je range les pinces à linge, après tout, c'était le Moyen Age, les gens s'entrecoupaient la tête aussi facilement que la Reine de Coeur dans Alice, et le verbe comploter se conjugait à tous les temps. Depuis, l'homme a fort heureusement évolué, Rousseau et Albert Schweitzer sont passés par là, et l'être humain moderne peut se promener tranquillement sans qu'un couteau ne lui tombe sur l'omoplate par inadvertance.

Sauf qu'à l'instar du cafard, le poignardeur dans le dos est une espèce qui survivrait même à l'apocalypse. Il a traversé les siècles sans effort et s'épanouit avec insolence dans nos belles années 2000. J'en ai débusqué un beau spécimen, caché dans un recoin humide d'une multinationale. C'est comme les champignons, ces petites bêtes-là: elles aiment l'obscurité et la moiteur, et une fois installées, elles sont indélogeables.

Au fil du temps, on finit par reconnaître les signes qui ne trompent pas: on entend parler du Poignardeur-Dans-le-Dos (PDD) avant même d'avoir croisé sa route, il est en général précédé par sa réputation, puis son regard fuyant et ses manières qui sonnent faux lorsqu'on le rencontre effacent toute trace de doute: ce gars-là est sans pareil au lancer de couteaux, gaffe à vos omoplates, mes enfants!

La PDD que le sort m'a assignée est une vraie peau de vache, mal dans sa peau bovine, limite psycho-rigide (rayez le 'limite') et qui a visiblement décidé de faire payer son mal-être à la Terre entière, tout en n'ayant absolument pas le courage de le faire de manière ouverte. Ce qui est fort regrettable puisque mon thème astral ne me permet pas de tolérer ce genre de petites attaques mesquines et non avouées. J'ai beau être taureau, mon ciel de naissance est encombré de béliers, et comme animal, le bélier est plutôt du genre frontal, on en conviendra. Autrement dit, je ne supporte pas qu'on m'assassine de façon injuste à mon insu (si tant est qu'il y ait une façon juste de m'assassiner).

Au bout de quatre ans de pratique de la PDD en question, je pensais avoir trouvé le moyen de la calmer et de la tenir à distance. Et c'est à peu près à ce moment-là que la PDD récidive, elle doit déjeuner tous les dimanches chez Madame Taubira, c'est pas possible. Je me suis donc retrouvée cet après-midi devant un exemple flagrant de poignardage de mon dos par ladite PDD.  Après avoir craché du feu pendant 47 minutes, et réfléchi à autant de manières de la faire mourir dans d'atroces souffrances, j'ai fini par me calmer et mes yeux sont tombés sur ce livre que Céher Père avait nonchalamment oublié sur mon bureau il y a quelques semaines, "Les Quatre Accords Toltèques". Deuxième Accord: ne jamais faire de rien une affaire personnelle. La voix de Monsieur Toltèque s'est jointe à celles de Soeurette et de Copinette, qui me disaient, en substance: "Si cette grosse vache n'a rien de mieux à faire dans la vie que de cracher son venin sur les autres, sa vie doit être bien pourrie!" Il est possible que ce ne soit pas tout à fait les mots qu'ils aient employés, mais l'idée est là.

Alors j'ai ravalé ma rancoeur, et je me suis dit que j'étais au-dessus de ça, que Monsieur Toltèque avait raison et que ma vie à moi était bien plus jolie que cette espèce de couleur verdâtre caca-d'oie qu'avait celle de la PDD. Je me suis sentie soulagée, et fière de ma grandeur d'âme.

De toute façon, avec la tronche qu'elle a, au Moyen-Age, elle aurait fini brûlée pour pacte avec le Diable.

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Commentaires
Y
joli !
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C
Admirable solution, je cherche la trappe. <br /> <br /> Je me dis que ces PDD perdent plus d'énergie que nous, et qu'elles passent vaguement à côté de leur vie. Ca me rassure.<br /> <br /> <br /> <br /> Contente de vous retrouver, mes chères petites, Kaléido, Yonder et Télo!
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C
Exactement, une blatte c'est un cafard avec cette particularité de beaucoup parler. Ne dit-on pas déblatérer?
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T
Tu peux l'ignorer certes, mais surveilles tes omoplates. Et je te conseilles si l'occasion se présente, d'ouvrir la trappe qui se trouve sur son chemin et qu'elle n'a sûrement pas vue trop occupée à poser des pièges aux collègues :) Quand elle tombe dedans tu refermes calmement et condamne l'ouverture.<br /> <br /> Ces blattes ou cafards sont en réalité des hydres déguisées.<br /> <br /> Je n'ai pas lu le livre de papa Ceher ...je devrais...<br /> <br /> Car d'une chose je suis sûre c'est que les PDD ruinent notre énergie et nous font perdre beaucoup de temps.<br /> <br /> T'embrasse fort <3
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Y
oui, c'est vrai que blatte, c'est cafard spécialisé.
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