Deux moitiés d'espace
Seul dans ta chambre d'hôtel, penseras-tu à ces minutes volées où l'on surfait sur les toits? A cette douceur que l'on enfilait quand il faisait trop nu? Te rappelleras-tu ces milieux de nuit qui n'appartenaient qu'à nous, qu'on gravissait grâce à des mots, d'abord, avant d'atteindre le sommet grâce à des gestes?
Ou peut-être que tu continueras ta course contre le monde, et que la vitesse t'empêchera de repenser en arrière. Tu oublieras vite ce voile que l'on partageait et cette histoire un peu à part dont tu n'as pas voulu.
Cosmonaute tellement paniqué à l'idée de manquer d'oxygène qu'il en oublie que nous sommes deux à respirer. Cosmonaute qui m'a asphyxiée, une magicienne sans ailes pour te caresser.
J'ai fait un pas de côté en pensant que l'univers m'attendrait. Je me suis promenée parmi les montres coulantes de Dali, j'ai admiré les reflets sur le lac d'Annecy. Et puis j'ai détourné les yeux, parce qu'un poisson qui se noie, ça ne fait pas sérieux.
Magicienne a essayé de trouver une autre formule, acrobate a joué au funambule, à deux sur mon fil de lune, ça faisait un de trop, tu m'as laissée tomber, tu as volé ma plume, tu as gommé mes mots.
Mon prince cendré m'a coupé les ailes en m'enlevant mon île. Et toi, à quelle station-service iras-tu recharger ton vaisseau, désormais?