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La vie dans mon quartier de lune
5 mars 2013

Pigeon Vole!

 

pigeons

 

Un élément du décor parisien est indissociable de mes tourments intérieurs et de mes expériences les plus borderline, il s’agit du pigeon. Le pigeon dans tout ce qu’il a de plus bête et de plus gris. Je ne sais pas si chaque piéton arpentant le sol parisien fait la même fixette que moi, mais je suis personnellement convaincue que les pigeons mènent une vendetta contre moi. D’où ma tendance parfois déconcertante pour un novice à être en permanence sur le qui-vive, et à lever les yeux toutes les 37 secondes lorsque je suis immobilisée sur un passage clouté avant de traverser (il est statistiquement prouvé qu’en mode marche à pied, l’individu court moins de risques d’être estampillé ‘I love Pigeon’ sur son épaule droite. Le principe de la cible mouvante, réservée uniquement aux Marines de l’armée américaine et aux pigeons chevronnés).

Les attaques pigeonnières revêtent plusieurs formes, ces espèces de vicieuses. Il y a bien entendu la plus évidente, le parachutage d’Enola Gay version masque nourrissant bio sur un vêtement tout neuf, de préférence sombre, avec variante corsée : le haut du crâne pour les grandes occasions. Et le premier qui me dit que j’exagère, je lui parlerai de cette fois en Angleterre où un pigeon a pris ma tête pour les WC publics et où j’ai enterré avec fracas les derniers vestiges de ma dignité. (J’étais par chance à proximité de chez moi, ce qui m’a permis de me coiffer très élégamment d’un sac en plastique en forçant mon accent français  -« si si, à Paris, c’est le dernier chic, sacrebleu ! » - avant de courir me laver les cheveux sept fois à l’eau de Javel dans ma salle de bain. ) Le bombardement aérien est un grand classique du pigeon sans imagination, donc, et s’avère être un véritable traumatisme pour qui l’a vécu au moins une fois dans sa vie – pas plus, parce qu’en général, après cette fois-là, on vire complètement parano et on ne laisse pas un mm² de cible pigeonnière potentielle à découvert.

Au fil des siècles, les pigeons se sont donc adaptés, suivant le processus normal de l’évolution, dans la guerre humano-pigeonne. Constatant avec dépit que les humains développaient une sorte de méfiance vis-à-vis de leur force de frappe aérienne, ils ont exploré de nouvelles stratégies, notamment une attaque éclair tout à fait désarçonnante puisqu’elle repose en grande partie sur l’effet de surprise. En gros, le pigeon débarque là où on ne l’attendait pas. Mais alors pas du tout. Lecteur un peu lent à la comprenette, je t’explique : ayant du louer le DVD de Top Gun un soir où il n’y avait rien de bien au ciné, un pigeon lambda se prend pour Tom Cruise et joue au MIG-32 en faisant du rase-motte sur l’esplanade devant le Centre Georges Pompidou. Ignorant le drame qui s’approche de moi à la vitesse de Buzz l’Eclair, je converse agréablement avec un ami lorsqu’un MVNI (Machin Volant Non Identifié) passe à quelques millimètres de ma tête, faisant voler mes cheveux au passage. « C’était quoi, ça ? » demandé-je de manière inspirée et fort à-propos à mon ami. « Un pigeon… je crois » me répond-il, incrédule, « mais je n’en suis pas sûr, tout s’est passé tellement vite ! » Bon. Nous reprenons à la fois nos esprits et notre conversation là où nous les avions laissés, quand je vois un nouveau MVNI m’arriver droit dessus, pour braquer à la dernière seconde, celle où je venais de dire mentalement adieu à mon nez, et remonter à angle droit au – dessus de moi. « Mais j’ai une tête de piste d’atterrissage pour pigeons, ce soir, avoue ?? » secoué-je mon ami comme un cocotier. Il me fait non de la tête, mais impossible de savoir si c’est parce qu’il pense non ou parce que le cocotier. Là, je suis obligée de m’interroger : qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ces 2 secondes de fonçage sur moi ? Est-ce que le pigeon a entendu Tom Cruise dans son casque « Roger ! Roger ! Redressez-vous ! » avant de se prendre pour un Mirage et remonter en vrille ? Est-ce que je suis tombée sur un pigeon aussi bigleux que le gars à la fin de La Grande Vadrouille, au regard aussi ténébreux que Sartre ? Et surtout, surtout, pourquoi ça tombe toujours sur moi ?

A me lire, comme ça, on doit penser que le pigeon est la chose que je déteste le plus au monde. Erreur. Il y a un truc qui me donne envie de tuer encore plus sûrement que le pigeon topgun, c’est le môme qui jette un bout de pain pour attirer 77 pigeons en un même espace étroit, pour les courser avec délice en tapant des pieds très fort par terre. 77 pigeons névrosés et parkinsoniens qui s’envolent tout autour de moi, je jure que le gamin a intérêt de courir très vite s’il ne veut pas apprendre à nager dans la Seine.

 

Illustration (c) Bruno Issaly Tous Droits Réservés

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Commentaires
T
Super ton texte, je le trouve vraiment très amusant . Je n'ai jamais compris pourquoi ces sales bêtes profitaient d'être en plein vol pour vidanger leurs intestins :evil:
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