Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie dans mon quartier de lune
25 février 2013

Coca-Cola

 

coca

Il y a une raison pour laquelle je ne pourrai jamais devenir la première dame de France, et ça n’a rien à voir avec le fait que jusqu’à très récemment, je croyais qu’UMP était l’abréviation d’Unité de Marins-Pêcheurs. La raison pour laquelle je ne serai jamais invitée d’honneur dans les banquets protocolaires, c’est que je voue une passion déraisonnable au Coca-Cola. Pensez donc : cinq ans avec un Américain, ça laisse des séquelles. Et encore. J’ai échappé à cette pratique native-naïve qui consiste à acheter les gens à coups de billets de 20 dollars.  

Mon addiction au Coca désespère mes amis, qui, en fonction de l’humeur, se cachent sous la table ou me plantent leur fourchette dans la main lorsque nous sommes au restaurant et qu’invariablement, je commande un Coca. Dans une brasserie, ils tolèrent mon excentricité. Dans un restaurant asiatique, entre un nem et des nouilles chinoises, les yeux de mes amis se révulsent et battent en retraite au fond de leur caboche en entendant le son cristallin de ma voix prononcer le mot interdit. Le scénario s’est produit assez récemment, et l’une de mes convives s’est empressée, l’après-midi même, de me faire suivre un article racoleusement intitulé « Ce qui se passe dans votre corps 30 minutes après avoir bu un Coca ». Etant de nature très curieuse et ouverte, j’ai lu l’article.

Il m’apprend très indélicatement qu’au bout de 10 minutes, j’ai avalé l’équivalent de dix morceaux de sucre, souligné en gras, trois points d’exclamation, comme s’il fallait y voir là une aberration. L’auteur ajoute qu’en principe, on devrait vomir d’écoeurement. En moi-même, je pense « p’tit joueur ! » avant de poursuivre ma lecture.

Le gars de l’article a bien vu que je n’étais pas du genre à me laisser émouvoir facilement, il met les bouchées doubles et adopte le ton dit du film catastrophe. S’ensuite une grande démonstration selon laquelle, au bout de 20 minutes, mon organisme est au bord de l’apoplexie et une lutte à mort s’engage entre le sucre et mon pancréas pendant que je parle tricot avec mes copines en enfournant mon premier nem sans me douter de rien.

Au bout d’une demi-heure, mon organisme cocaifié produit de la dopamine à haute dose et me catapulte directement dans le paradis des habitués de drogues dures. C’est à ce moment-là que mes pupilles se dilatent, et que, je cite, je deviens « aussi fébrile qu’un narcomane en manque ». Je visualise brièvement un séisme avec projection de nem sur la table voisine. C’est normalement à ce moment précis que le sucre me pousse à débattre avec passion de la supériorité de l’aiguille à tricoter sur le point de croix. Les ravages du sucre, quand même.

Une heure après avoir ingurgité innocemment le maléfique Coca, mon organisme hisse le drapeau hypoglycémique, et mon moral s’effondre, j’abandonne l’aiguille à tricoter à son triste sort, et je déserte le champ de bataille. Avec un peu de chance, c’est l’heure de l’addition, et je serais tellement effondrée qu’on n’osera pas me demander de payer ma part.

L’auteur de l’article perçoit mes sarcasmes. Il enfonce le clou en décrivant de manière imagée et pittoresque quelques effets du coca à long terme. L’énumération devrait être censurée par le CSA , même Alien ne m’a pas traumatisée autant. Je passe sur l’exemple habituel de la pièce de 10 centimes (pourquoi 10 et pas 20, le Coca doit être sectaire) qu’on décape par séjour prolongé en milieu cocaté, je passe sur les cancers divers et variés, sorte de label obligatoire du produit alimentaire de base (qu’est-ce qui n’est pas cancérigène de nos jours ?), sur le diabète (pas assez spectaculaire, pas vendeur, trop pas assez grave), et je choisis de m’arrêter sur le ramollissement des dents et des os. Là, je ne peux pas m’empêcher de penser à cette scène d’Harry Potter dans laquelle Harry n’a plus d’os et passe une nuit difficile à les sentir repousser.  La dernière fois que j’ai vérifié, mes dents n’étaient pas encore confondables avec la gelée verte anglaise.

Enfin, l’article insiste sur la fragilité émotionnelle engendrée par une trop grande consommation de Coca. Je penserais à le mentionner comme circonstance atténuante le jour où je serai jugée pour hostilité marquée envers un membre du trésor public.

C’était bien tenté, ce lien vers un article sur les effets néfastes du Coca. Mais je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, je ne regarde pas TF1, bref, je n’ai pas de vice si ce n’est celui de boire du Coca, laissez-le moi, si je le perds, je perds mon identité et je n’ai plus qu’à aller rejoindre l’armée des Clones de Dark Vador.

 

Dessin (c) Bruno Issaly l'artiste!

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Delest: C'est une entreprise tout à fait honorable, elle fait des trous, des p'tits trous, encore des p"tits trous. <br /> <br /> Télophase: tu fais partie du complot anti-coca, je vois bien. Tu as bien essayé de ruser en me parlant de moulinets au lieu de pièces de dix centimes, mais ça n'a pas pris!!! Je ne suis pas dupe!
Répondre
T
-Bof, bois du coca mais n'abuse pas, voilà tout! Seul l'excès nuit. C'est vrai que le coca décape :) mes frères sur les conseils de pêcheurs professionnels mettaient leurs moulinets dans un récipient avec du coca. Le lendemain les appareils n'était plus grippés ;) Mais un bon coca glacé plein de gaz après un bon repas c'est sympa parfois :evil:
Répondre
D
Ah, céher, ton post me réchauffe le cœur ! Coca-cola est une firme modèle, question développement durable, et les critiques dont l'abreuvent des gougnafiers de sous ordre sont proprement invraisemblables !<br /> <br /> Quelle autre entreprise, en effet, a su recycler et valoriser des produits de façon aussi magistrale - comme elle a su le faire avec des résidus d'usine de production d'acide sulfurique ?
Répondre
La vie dans mon quartier de lune
Publicité
Archives
La vie dans mon quartier de lune
Derniers commentaires
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 41 012
Publicité