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La vie dans mon quartier de lune
28 novembre 2011

L'intelligence scientifique

Je voudrais rétablir quelques vérités bien senties sur l’Intelligence. Les raccourcis intempestifs entre l’intelligence et l’aptitude à effectuer des multiplications compliquées à plus de cinq chiffres m’agacent l’oreille, c’est très désagréable. Je crois très humblement que l’intelligence se divise en catégories, qui sont très inéquitablement réparties en un seul et même individu.

On rapproche un peu trop souvent à mon goût de nulle en maths l’intelligence de la science. Einstein est ainsi intronisé génie de service du 20è siècle, tout ça parce qu’il a introduit des chiffres et des lettres dans la même équation, alors que FR3 a réussi le même tour de force à peine 40 ans plus tard. A part une théorie fumeuse dont tout le monde connaît le nom mais que personne ne comprend, qu’est-ce qu’il a fait pour l’humanité, Einstein ? Hein ? Qui nous dit que ce n’était pas un asocial consommé, qui se lavait une fois par semaine seulement et ne savait même pas faire cuire une pintade au four ? Sa coupe de cheveux fournit à elle toute seule de quoi douter des capacités sociales du grand Albert (pas le Prince, hein, le savant. On ne vise pas le même niveau capillaire.) Je m’insurge donc contre cette tendance qu’ont les scientifiques indécrottables de croire que, parce qu’ils savent écrire leur nom en bâtons et qu’ils ont découvert une planète hostile sur laquelle on ne pourra même pas se replier en cas de fin du monde sur la nôtre, ils s’illustrent par une intelligence dont nous autres, pauvres mortels, sommes totalement dépourvus.

J’entends d’ici les guerriers de la grande armée scientifique me dire que je suis mauvaise. Qu’ils remballent donc leur armure en métal CP0² inoxydable, je m’en vais leur démontrer la limite de leur raisonnement. A ce jour, l’unique moyen existant de déterminer si Jacquot doit sauter une classe en maternelle parce qu’il a déjà compris qu’en plaçant un seau d’eau sur le haut d’une porte, le corps solide soumis à une accélération brutale se renverse tout comme le corps liquide placé à l’intérieur, en particulier si un autre corps solide et vivant gesticule dans l’embrasure de la porte, bref, cet unique moyen de mesurer l’intelligence, disais-je, s’appelle le test de QI. Or, le test de QI (c’est bien un truc scientifique, cette manie des sigles à toutes les sauces) repose sur une succession de questions rationnelles, mettant à l’épreuve la logique de l’individu et son sens pratique. (Cela étant, je n’ai jamais passé de test de QI donc pour ce que j’en sais, ils pourraient bien demander l’âge du capitaine que ça ne ferait aucune différence en ce qui concerne ce post). Selon ces critères sur lesquels personne ne m’a demandé mon avis et c’est fort regrettable, je suis une véritable handicapée de l’intellect à la traîne de l’humanité parce que je suis singulièrement dénuée de sens pratique. (Mais au moins, je sais faire mes lacets toute seule, moi.) Enfin, ces montagnes de logarithmes et de formes géométriques, c’est bien gentil, mais elles laissent de côté de façon très incivile un tout petit machin qui s’appelle l’intelligence du cœur. Pas très étonnant que les scientifiques ne s’étendent pas sur le sujet, après tout on ne peut parler que de ce qu’on connaît. Cette intelligence du cœur, donc, c’est par exemple la voix qui permettrait à un noble conquérant, avant de lancer ses 30 000 troupes dans la bataille, de réfléchir deux minutes en se disant « c’est dommage quand même, moi mes 30 000 troupes je les connais depuis qu’elles sont bébé, je n’ai pas forcément envie qu’on me les réduise en charpie, tiens ben je vais voir avec mon voisin Marcel – l’autre noble conquérant ennemi – s’il n’y a pas moyen de moyenner autrement. » La voix de l’intelligence scientifique se contenterait d’un « le Marcel, qu’est-ce qu’il va se ramasser, avec mon nouveau bombardier 6-G39 à plutonium désintégrateur !!!! ».

Loin de moi l’idée de minimiser les bienfaits de la science, mais il me semble un peu réducteur de rapporter l’intelligence humaine aux seules qualités de logique et de rationalité. J’en parle en connaissance de cause : j’ai passé un bac S, dans le cadre d’une expérience sur la survie en milieu éminemment hostile, et comme la vie a parfois beaucoup d’humour, j’ai choisi la filière spécialité maths. Tant qu’à se planter, autant le faire bien. Outre le fait que j’incarnais clairement le chaînon manquant aux yeux de ma prof de maths, je me suis bien rendu compte que j’étais la seule élève de la classe à avoir un contact normal avec l’extérieur. La plupart des éléments de ma classe dite scientifique pouvaient résoudre des équations qui rafleraient la mise au Scrabble avec tous les x, y et z qu’elles comportaient, mais dès qu’ils sortaient de cours, ils erraient, perdus et inadaptés, dans les couloirs du lycée, que c’en était pitié de voir ça. Il semblerait donc qu’on ne doive pas sous-estimer l’intelligence du cœur, comme j’aime à la nommer. Elle ne vous permettra certes pas de passer au bazooka les causes du chagrin de votre voisin que vous avez vu rentrer chez lui les yeux rouges, mais elle vous soufflera à l’oreille que lui apporter une part de tarte maison sur une petite assiette lui mettra indiscutablement du baume au cœur. L’intelligence, c’est aussi savoir se fixer des objectifs réalistes.

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Commentaires
D
C'est vrai que l'on a bien souffert en filière scientifique, à tel point que je l'ai quittée en fin de première pour passer en philo....!!!<br /> bises.<br /> Danièle
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E
Une conclusion à laquelle on a heureusement fini par arriver (mieux vaut tard que jamais) en établissant aussi le test de QE (Quotient Emotionnel). Et à ce test là, on ne doit pas être mauvaises du tout ! :-)
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